Que sont mes amis devenus – un adolescent en résistance
Christian Bouhours était âgé de 14 ans en 1939 quand il fut confronté aux violences quotidiennes de la guerre. Issu d’une famille profondément républicaine et engagé au sein du mouvement laïque des Éclaireurs de France, Christian est choqué par les conditions de la défaite et la mise en place d’un régime qui bafoue les principes républicains qui ont guidé sa vie jusque-là.
L’expérience de Christian Bouhours au sein des Éclaireurs de France constitue le socle de son émancipation. Il construit de solides amitiés, des liens fraternels avec des camarades sans se soucier de leur origine. Christian évoque avec émotion les liens qui l’ont uni à ces « routiers » que le régime de Vichy persécute parce que Juifs. C’est d’ailleurs à son ami Tibor Weisz, Juif roumain, scout avec lui, qu’il dédie ce livre.
Nous avons ici la chance de pouvoir accompagner, quasiment pas à pas, le cheminement de cet adolescent dans son combat pour rétablir la liberté, l’égalité et la fraternité. Ses espoirs, son enthousiasme, ses déceptions, ses difficultés quotidiennes illustrent le parcours de nombreuses « petites mains » de la Résistance. Ses actions contre le fascisme et le nazisme, contre cette politique de collaboration commencent à l’école où des V de la Victoire sont inscrits sur le tableau noir de la classe, où il entonne avec ses camarades en 1942 le refrain de l’Internationale ou encore dans la rue où il brave les interdits pour écrire sur les murs des croix de Lorraine et arracher des affiches de propagande vichyste.
Agent de renseignement puis agent de liaison, Christian a œuvré pour diverses organisations de résistance, comme le NAP PTT (Noyautage des Administrations Publiques des Postes et télécommunications). Il a distribué tracts et journaux dans Toulouse pour le FUJP (Forces Unies des Jeunesses Patriotiques). En 1944, il rejoint un groupe urbain de FTP (Franc-Tireur et Partisan) à Toulouse.
« D’un côté, je pouvais passer une vie tranquille […] et suivre les consignes du maréchal. […] Il fallait adorer la francisque et la nouvelle devise. Il fallait mépriser les parias, les réfugiés, les communistes, les francs-maçons et les Juifs. D’un autre côté j’aimais la devise de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité » et les idées de la Gauche. […] Je me révoltais contre la domination fasciste et les exactions nazies. Et même si on était dans le noir, je conservais en moi une petite flamme. Je gardais l’espérance. »