L’Éternité et après
Cet Éternité et après, douzième tome de L’Europe et la Profondeur, apparaît comme un ouvrage de transition faisant passer le « grand récit » de P. Le Coz d’une écriture encore structurée en chapitres – comme c’est le cas dans la première partie (« Le repos pendant la fuite en Égypte ») – à une autre qui, elle, ne se développe plus qu’en la forme de « Variations » (au sens musical) brassant tous les thèmes précédemment abordés dans le cours de cette Profondeur (« Cahiers de L’Europe et la Profondeur »). Ce pour quoi le lecteur qui prendra le risque de s’aventurer en ces « landes sauvages »-scripturaires ne devra plus tant y rechercher l’exposé d’une « pensée », fût-elle « la plus profonde », que la confrontation avec l’a-byssalité que recèle en essence l’« exercice de toute pensée ». Par quoi, ce qui était à l’origine l’emprunt par ce même lecteur d’un chemin censé le conduire vers une « vérité » (peu important laquelle) se transforme insensiblement en l’apprentissage d’un vertige (pensif-scripturaire)… où il s’agit, pour le lecteur comme pour l’auteur, en se déshabituant progressivement de tout, non plus tant, justement, de « penser » que de sonder.
Ce pour quoi aussi la méditation cardinale de cet ouvrage – l’examen des rapports qu’entretiennent le « temps » et l’« éternité » – se diversifie en d’autres, selon, moins métaphysiques… voire tout ce qu’il y a de plus actuel et concret : effectuant pratiquement par là le projet qui était à l’œuvre dès le début de l’écriture de cette Profondeur – rien de moins que la rédaction d’un « livre total », c’est-à-dire d’un ouvrage où aucune des dimensions ordinaires de la « pensée » (philosophie, théologie, économie politique, critique littéraire ou picturale, etc.) ne serait a priori exclue – ; à ce seul bémol que les illustrations de ces diverses catégories se voient retournées en le sens de la poursuite, par un scripteur « à peine identifié sous le nom de (qui on sait) », de, cette fois-ci, une toujours unique « ligne de fuite » : celle indiquée dès le premier chapitre du premier livre de ce « grand récit »… et dont ce même « scripteur », à douze tomes d’intervalle, n’a dans le fond jamais dévié.
Auteur : Pierre Le Coz