Carne

Si je suis souvent au bistrot, chez Pincette ou ailleurs, à siroter et à observer, sans jamais vraiment parvenir à faire partie des meubles, c’est que je dois avoir le temps. Ce n’est pas seulement par piété filiale. Vous m’y avez peut-être déjà croisé. Vous en avez déduit que j’appartiens à la caste de ceux qui ont le temps. Judicieuse observation. Rmiste ? Pensionné ? Maquereau ? Tout à la fois ? J’entends fuser les hypothèses. J’ai en effet le temps. On me l’a laissé ou bien je l’ai repris, je ne sais plus trop, peu importe.

Gommier, le narrateur, s’est retiré dans une maison du piémont. Cela aurait pu être ailleurs. Il y vit très simplement, n’a pas d’activité régulière, pas de métier précis. Il passe ses journées avec les quelques habitants qui sont encore là. Comme eux, il tue le temps entre l’oisiveté, les discussions sans queue ni tête, la recherche des champignons, la préparation des repas, les tournées de bière à la fête du village, la voisine dans les bois…
Il s’adapte, il observe, il donne des coups de main, il s’intègre dans une société qui ressemble beaucoup à un jardin potager : utilitaire, des légumes de saison, quelques fleurs pour faire joli quand même, des bouts de bois qui traînent, un lieu bricolé, rafistolé, mais dans lequel rien n’est vraiment laissé au hasard.
« Carne » est un livre drôle, rempli de personnages attachants faits de bric et de broc mais capables de raffinements soudains. Un roman où l’on croise tous les grands thèmes de la littérature : l’amitié, l’amour, la mort, le sexe, la cuisine… De la chaleur humaine à haute dose.

auteur : Pierre Cahen Claverie

broché avec rabats – 14 x 21 cm – 272 pages – avril 2009 – 19,30 euros –
ISBN 978-2-86266-582-5

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